Ils ont testé le coach à domicile
Enquête De plus en plus de personnes délaissent les cours collectifs ou les salles privées de gym pour un entraîneur personnel à domicile. Comme Laurence et Didier, sexagénaires et désormais adeptes convaincus.
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Xavier Renard, notre correspondant régional, à Tours (Indre-et-Loire),le 31/08/2019 à 07:00
A la veille de partir en vacances, Laurence et Didier Fourreau, 59 et 60 ans, s’activent, déplaçant le mobilier de leur salle à manger et déroulant machinalement les tapis de gym. Encore ensommeillés, ils s’apprêtent à accueillir Ludovic Perrot, leur coach sportif individuel. Depuis six mois, ce couple habitant à Azay-sur-Cher, une petite commune rurale d’Indre-et-Loire, a recours à cet éducateur sportif, diplômé d’État, pour qu’il les accompagne dans leur désir de se remettre en forme.
Ne plus pouvoir se lever ou monter les escaliers sans peine
Un programme de tonification et de renforcement musculaire, qu’ils n’auraient jamais pensé tenir jusqu’alors, avec du stretching – des étirements – et un peu de gym, les attend lors de cette séance d’une heure. Les jambes ankylosées par la sédentarité de son activité professionnelle, Laurence s’irritait devant son « impuissance à monter les escaliers sans être essoufflée ». Bien que costaud et tonique, son époux était handicapé par des douleurs dans la nuque et le dos, qui le faisaient grincer des dents au moment d’accomplir des gestes de la vie quotidienne. « Il ne pouvait plus se lever de son fauteuil sans se plaindre. Cela a été notre déclic pour nous bouger », raconte-t-elle.
Ce couple est convaincu que seuls, ils n’auraient pas su par où commencer. Et la motivation leur aurait « certainement fait défaut ». Tous deux ont été surpris par leur capacité à accomplir les exercices qui leur sont proposés. « Ce que Ludovic nous fait faire est finalement assez simple, mais sans lui, nous ne l’aurions jamais su. Avec lui, nous avons compris d’où venaient nos douleurs et ce que nous devions faire pour nous en débarrasser. »Le couple est sensible à « l’écoute et l’attention » que leur porte le coach. Avant
chaque séance, celui-ci prépare des ateliers variés, adaptés au niveau physique et à la progression de chacun.
Échapper aux grandes salles de sport impersonnelles
Ces efforts corporels hebdomadaires ont changé leur vie. Ils ont plongé dans un bain de jouvence dont ils ne peuvent plus se passer. « Quand nous sommes en vacances, ces séances nous manquent terriblement. Heureusement, il nous prépare toujours une petite fiche avec des exercices à réaliser plusieurs fois dans la semaine », poursuit Laurence.
Le coach a d’autres clients, plus âgés. « Je m’occupe d’un homme atteint d’une double cyphose. Ses enfants lui ont fait remarquer qu’il s’était redressé depuis qu’il faisait régulièrement de l’exercice », raconte-t‑il. Un autre, septuagénaire, victime d’un AVC qui a handicapé l’un de ses bras, ne parvenait plus à attraper les tickets de péage sur l’autoroute : « Maintenant, il peut le faire. »
Ces coachs personnels, dont le nombre ne cesse de grandir, sont une bonne solution pour tous ceux qui ont peur d’affronter le regard des autres dans les salles de sport. Quand Laurence fréquentait ces complexes impersonnels, elle se sentait « un peu noyée dans la masse ». La crainte indicible « de la comparaison » a, selon Ludovic Perrot, un fort pouvoir d’inhibition : « En groupe, ils ont l’impression de ne pas être capables, alors que dans le cocon de leur maison, ils reprennent confiance. »
Un coût non négligeable
Depuis qu’il s’est lancé il y a trois ans, cet ancien militaire, qui met également une partie de son temps et de son savoir-faire au service d’une association, a doublé chaque année le chiffre d’affaires de sa microentreprise, passant de 3 000 à 6 000 puis à 12 000 €. Et ce, « sans communiquer ». C’est pour lui la preuve que cette activité « va se développer ».
Pas de quoi, néanmoins, mettre en péril l’économie des salles de sport, qui travaillent à une tout autre échelle, avec plusieurs centaines d’adhérents. Un « abonnement dans une structure vaut entre 30 et 50 € par mois, alors que je facture 30 € pour une séance individuelle de 45 minutes », poursuit le coach. Un coût qui peut tout de même faire reculer les moins fortunés, même si des avantages fiscaux existent (lire l’encadré).
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Des aides financières
Considérée comme un service à la personne, l’intervention des coachs peut donner droit à un crédit d’impôt sur la moitié de la somme engagée. Tout est néanmoins question de désignation et de sémantique. « Il ne faut surtout pas parler de “coaching privé”. Pour bénéficier de cet avantage fiscal, je facture mes interventions sous l’appellation de “cours de sport à domicile” », explique Ludovic Perrot. En creusant son sillon dans cette voie, il restreint un peu son champ d’action. Il ne peut pas, par exemple, mettre son savoir-faire au service des entreprises. Par ailleurs, depuis le 1er mars 2017, le législateur a facilité l’accès au sport aux personnes souffrant de pathologie ou d’une affection longue durée. Les médecins peuvent dorénavant prescrire une activité physique à ce type de patients, avec une possibilité de remboursement variable selon les mutuelles.